Je de Miroir

Publié le par un pied dans la ruelle

Six danseuses pour Une voix...

 

(danse-théâtre en projet danse)

 

 

 

La femme en face, elle me regarde.

C’est ma mère.

Je nais d’elle, j’ai honte d’elle, j’ai envie d’elle, j’ai peur d’elle.

J’ai peur d’elle, parce que je suis elle,

Mais je ne suis pas cette femme-là.

Je suis.

Je ne sais pas.

Je cherche.

Je cherche, je ne sais pas quoi, mais je sens que je vais savoir.

 

La femme en face, elle rit. Elle se fout du conformisme. Elle trace sa route sans rien de plus que ce qu’elle est, toute gondolée.

Cette femme-là,

Elle n’est pas de ceux-là.

Un, deux, six moutons, émerveillés.

Elle, elle respire.

Je suis comme elle, non, je ne sais pas.

Je suis un lion, mais je suis un mouton.

 

La femme en face, elle me regarde,

Et je vois dans l’œil droit, qu’elle ne me croit pas, dans l’œil gauche, qu’elle aimerait me croire.

 

Cette femme en face, je la vois, je vois tout, je vois l’amour même.

Je te vois.

Tu es belle, tu es moi, tu es l’amour.

Tu es tout.

Je t’aime et tout est beau.

 

La femme en face est amoureuse, elle siffle, elle chante, elle crie, elle se tait, elle s’en fout. Elle est jeune.

J’ai froid.

Je la vois, son cœur est lourd. C’est cette poussière. Elle est vieille. Je suis vieille.

Je la vois cette poussière.

Je vois tout.

Je vois à la fois la lumière et le noir qui la cernent.

Je t’aime et tout est beau.

 

La femme en face est fatiguée.

Elle est amoureuse.

Il semble que l’on peut lutter contre tout, excepté contre cette fatigue-là.

Elle l’aime mais tout n’est pas beau.

Un, deux, six.

Elle est jeune mais elle est vieille.

Elle me regarde, j’ai froid.

 

La femme, celle en face, a une chaleur entre ses deux seins.

C’est une douleur.

C’est son cœur.

 

Je t’aime et tout est beau.

 

Cette femme-là, c’est ma mère, c’est lui, c’est elle, c’est toi. C’est moi. Je suis cette femme. Je suis ma mère, je suis lui, je suis elle, toi, moi.

Je suis tout, je suis l’amour.

 

La femme en face, c’est moi.

Tu es là, derrière cette, cette femme en face dans le miroir.

Je t’aime et tout est beau.

 

Publié dans Textes croisés

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